Avec la collection de vins Caaaaaaat, on te le redit, on veut créer un pont entre les buveurs de vins industriels et ceux qui boivent des vins natures. Les premiers achètent ce type de vin pour des questions de prix, les seconds par rapport à l’idée qu’ils se font de la vie. Au milieu de cet océan de vin nagent ceux qui sont guidés par mille critères dont leur goût, leurs instincts, les recommandations des critiques à qui ils donnent du crédit, les copains…

Créer ce pont ne plaît pas aux ayatollahs de tous bords (n’est-ce pas le propre de l’ayatollah que de construire son aura sur l’intolérance ?). Il est ainsi facile de critiquer en se trouvant à l’extérieur du problème. La question est bien différente quand on le vit au quotidien. On ne peut pas ignorer que 88% du vin est acheté en grande distribution (source : La Revue du Vin de France), ni ignorer que les caves et bars à vin nature fleurissent comme jamais (source : nos yeux, avec et sans lunettes). L’obstacle principal dans cette création de pont est donc l’ignorance. Celle qui sonne comme du bon sens : « pourquoi payer plus que 5€ pour un vin alors que celui que j’achète me plaît à ce prix ? », « pourquoi n’y a-t-il pas que des vins natures ? », celle qui demande de s’intéresser au sujet « quelles sont les différences entre agriculture conventionnelle, biologique, biodynamique, nature ? ».

Quand on critique le vigneron qui utilise de la chimie pour produire du vin, on se trompe de combat. Quand on critique un consommateur qui achète son vin 5€ ou en grande distribution ou issu de l’industrie chimique, on se trompe de combat. Le VRAI combat est contre l’ignorance et contre l’industrie chimique (à tout le moins l’industrie productrice de poisons) qui, elle, sait très bien ce qu’elle fait. Ne menons pas le combat superficiel s’apparentant à un souffle aigre sur les braises de l’entre-soi, cette critique simpliste déversée contre les vignerons et les consommateurs de vin. Certes, tous ont une responsabilité, mais ce ne sont pas des assassins.

Les labels florissant, associations et autres cautions, répondent au problème en surface, y ajoutant souvent de la confusion. C’est un constat. On n’est pas contre (au contraire !) mais on pense que ce n’est pas suffisant. En tant que producteurs de vin, on essaie de créer un pont entre les mondes du vin, ce breuvage millénaire moteur d’un humanisme universel. En combattant l’ignorance qui mène à l’entre-soi, à une forme d’obscurantisme doux donc toléré, on se heurte à la résistance au changement, la peur, et le socle de certitudes sur lequel elle s’est construite. Dans l’infobésité que nourrissent les réseaux sociaux, il faut se spécialiser pour se distinguer, se rendre visible. C’est une réponse pragmatique, symptomatique de notre ère bouffie par l’information, mais aussi une source d’incompréhension pour qui veut n’entendre que des idées qui confortent les siennes. Or, l’apprentissage se fait dans l’altérité. C’est avec nuance et patience que nous avançons dans la connaissance. Expliquer la différence entre les méthodes de viticulture, et pourquoi elles existent, demande du temps et doit être suffisamment sexy pour rassembler une audience. Les parties prenantes des media s’y attèlent avec nombre de journaux, magazines, blog, chroniques et émissions… notre rôle est de proposer un apprentissage par le produit en lui-même, le vin, source de plaisir, de partage et de goût. Dans ce processus, on veut s’amuser, t’entraîner avec nous, y mettre de la joie-de-vivre, et c’est exactement pourquoi on existe (ça, et envoyer des chats dans l’espace).