Interview de Romain Paire, Domaine des Pothiers, partenaire de la cuvée « Banana Caaaaaaat » 😻
Faire du vin à quatre-mains, c’est coupler le savoir-faire de vigneronnes et vignerons ancrés dans leur terroir à celui d’un ancien globe-trotter goûtant à tout, reniflant tout (comme un chat).
Romain
Vous en quelques mots ?
Le Domaine des Pothiers est un Domaine familial en polyculture. Le Domaine est historique, il est au sein de la famille depuis plusieurs siècles avec une grosse activité viticole et une partie élevage bovin (races Limousine et Jersiaise). J’ai voulu garder cette partie d’élevage afin de préserver une dimension agricole, et aussi parce qu’elle s’inscrit dans la dimension biodynamique du domaine.
Quel a été votre déclic pour faire du vin ?
Je n’ai pas vraiment eu de déclic puisque j’ai toujours vu mon Père travailler les vignes et faire du vin, j’ai toujours pris plaisir à aller travailler avec lui. Un jour, je me suis dit que je continuerai le métier, que je reprendrai le domaine. Il me semble que j’ai toujours eu cela en moi.
Comment travaillez-vous à la vigne et au chai ?
Avec respect pour le vivant, en préservant les équilibres. Nous travaillons en Biodynamie et cherchons à avoir le moins d’impact possible sur le milieu naturel. Nous cultivons les vignes de la manière la plus douce et la plus respectueuse possible.
En cave, nous essayons de travailler avec le minimum d’intrant, voire aucun intrant, afin de respecter le raisin, le vin et son consommateur.
Le Vin
Qu’est-ce qui selon vous est essentiel pour faire un bon vin ?
Du bon raisin évidemment !
Faire du bon vin c’est une multitude de petits détails, certains semblent insignifiants mais sont importants. Il faut de l’attention et de la rigueur. Surtout, le bon vin se fait à la vigne et par la qualité du raisin, ensuite c’est à nous d’en tirer le meilleur.
Un message derrière vos vins ?
Non, je ne fais pas de politique. Je ne crois pas qu’il y ait de message derrière mes vins. Ce que j’essaye de transmettre c’est de prendre du plaisir, le vin c’est la fête, la folie, de bons moments et je ne veux pas que mon vin soit dogmatique, surtout pas !
Que souhaiteriez-vous dire à tous ceux et celles qui veulent devenir vigneronne, vigneron ?
De foncer ! D’y aller parce que cela n’a rien d’impossible ! S’ils ont l’envie, il n’y a aucune raison que cela ne marche pas. Il y aura forcément du boulot (rires) mais il faut foncer !
Les Rêves
Ce que vous avez le plus aimé en cocréant Banana Caaaaaaat ?
J’aime la relation que nous avons avec Christophe parce qu’on travaille en confiance et cela me pousse à faire des vins différents, cela me sort un peu de ma zone de confort. Je comprends ce que veut Christophe et sa manière de voir le vin qui est parfois un peu différente de la mienne. Je travaille donc à sa manière à travers nos collaborations, cela pose de bonnes questions.
Un rêve de vigneron à nous partager ?
Mon but est d’essayer de faire toujours mieux en qualité et non de me développer en quantité.
Je voudrais aller un peu plus dans la finesse, et améliorer certains détails.
Garder le principe de polyculture et même le développer, essayer d’avoir quelque chose d’encore plus large, intégrer de nouvelles choses au domaine, peut-être de l’accueil ou de la restauration par exemple. Diversifier davantage le Domaine en tâchant de le faire intelligemment, écologiquement et socialement.
Merci Romain d’avoir pris le temps de l’interview.
Merci à l’équipe du Domaine des Pothiers d’être nos partenaires.
On vous aime !
Qu’est-ce qu’un vin nature ?
D’abord, chez Caaaaaaat on parle de vin « nature » plutôt que de vin « naturel », parce que par définition le vin est un produit culturel. Le vin ne se trouve pas naturellement dans la nature, il nécessite l’intervention de la vigneronne, du vigneron, pour naître du raisin (naturel lui).
Simplement dit, le vin nature est un vin produit le plus naturellement possible :
- Pas de produits de synthèse : ni dans les vignes, ni au chai, nulle part
- Des vendanges manuelles
- Un taux de soufre/SO2 total inférieur à 40mg/L
Autrement dit, on vise le PUR JUS de raisin fermenté. Cela devrait tout le temps être le cas, mais ce n’est pas si simple. La nature a ses caprices et nos sociétés ne vivent plus à son rythme. L’image ci-dessous résume bien les différences :
L’histoire du vin produit de manière naturelle remonte à l’Antiquité, bien avant l’arrivée des techniques de vinification industrielle du 20ème siècle, doublement amplifiées par la deuxième Guerre Mondiale : développement rapide de la pétrochimie (notamment par l’armement) puis course au rendement (lors de la reconstruction).
Dans les années 1980, en France, le mouvement pour le retour à une production naturelle des vins est né de personnages illustres tels que le « négociant-éleveur » du Beaujolais : Monsieur Jules Chauvet, également écrivain, scientifique et fin dégustateur. Jules Chauvet fut un pionnier, un de ces rares êtres humains pour qui l’adjectif « génial » a du sens. Dès les années 1950, il produisait des vins natures. Ses méthodes ont lentement infusé auprès d’esprits curieux comme celui de Jacques Néauport, producteur itinérant de vin, ainsi que l’emblématique vigneron du Beaujolais Marcel Lapierre (et bien d’autres).
Au cours des années 90, le mouvement des vins natures a continué à gagner en popularité en France, en Italie et en Slovénie, puis s’est rapidement répandu à travers l’Europe et le monde (notamment États-Unis et Australie) dès les années 2000.
Aujourd’hui – le grand-public étant de plus en plus conscients des avantages qu’une telle production apporte à leur santé et celle de notre environnement – de nombreux vigneron.nes convertissent leur vignoble ou optent dès le départ pour une agriculture saine et des méthodes de vinification naturelle (pour les plus curieux, suivez ce lien pour comprendre les différentes approches de l’agriculture vinicole : Quelles différences entre conventionnel, biologique, biodynamique, nature ?).
Comme nous faisons face à une grande vague d’écoblanchiment alias greenwashing, rappelons-nous qu’un vin gratuit ne peut pas exister. Soit on paie le prix en abîmant l’environnement, soit on paie en Euros.